Des champignons hallucinogènes pour aider les patients cancéreux ?

Certains champignons hallucinogènes réduiraient l'anxiété des patients souffrant d'un cancer avancé, selon une petite étude pilote menée aux États-Unis et diffusée en ligne avant sa publication en janvier prochain dans la revue Archives of General Psychiatry.


De la fin des années 1950 jusqu'au début des années 1970, nombre de chercheurs ont examiné l'intérêt des champignons hallucinogènes dans le traitement de l'anxiété, le désespoir et l'isolement social, autant de troubles psychiques qui affectent souvent les personnes atteintes d'un cancer de stade avancé. En dépit de résultats prometteurs, ces travaux n'ont jamais fait l'objet d'un suivi, déplorent le Dr Charles Grob et ses collègues, auteurs d'une nouvelle étude destinée à pallier cette lacune.
Pour ce faire, ils ont évalué auprès de 12 patients atteints d'un cancer avancé et souffrant d'anxiété l'innocuité et l'efficacité de la psylocybine, une substance hallucinogène présente à l'état naturel dans certains champignons, aux effets proches du LSD. Sa consommation entraîne une modification des perceptions et peut, par exemple, induire des distorsions visuelles, auditives, donner une impression de fusion entre différents sens (synesthésies), provoquer un état euphorique, extatique, etc.
Dans l'étude, les patients devaient avaler des gélules contenant soit une dose de psilocybine (0,2 mg/kg), soit un placebo (vitamine B3) lors de deux sessions de 6 heures, à plusieurs semaines d'intervalle. Pour évaluer l'effet physiologique de la substance, les chercheurs ont mesuré divers paramètres tels que la pression sanguine, le rythme cardiaque et la température ; pour évaluer son effet psychologique, ils ont mesuré le niveau de dépression, l'humeur et le degré d'anxiété des participants, avant et après les séances, mais également le lendemain et deux semaines après puis enfin à un rythme mensuel pendant toute la durée du suivi (6 mois).
D'une façon générale, les volontaires ont bien répondu au traitement, écrivent les chercheurs. Aucun n'a manifesté de "bad trip" (susceptible de se manifester par une forte montée d'angoisse, par des crises de phobie, une paranoïa, une crise de panique ou une psychose), ni aucun effet psychologique secondaire lié au traitement, précisent-ils. Les scores d'anxiété se sont améliorés à 1 mois puis 3 mois de la prise du produit, tandis que l'humeur des patients a progressé dès la deuxième semaine pour atteindre un niveau significatif à 6 mois.
Pour les chercheurs, ces résultats mettent en évidence l'efficacité et l'innocuité de la psilocybine en traitement de l'anxiété chez des patients souffrant d'un cancer avancé et méritent d'être approfondis dans des études plus vastes.